Graveney Hall / Linda Newbery (2013)

graveney

Cela faisait longtemps que je n’avais pas été happée par un livre à ce point. Et si l’engouement s’est relativement calmé passé la centième page, ce fut une très belle lecture, comme souvent dans les publications chez Phébus.

Deuxième roman de Linda Newbery traduit en français (j’ai déjà parlé ici de SandFather, lu en anglais) après De pierre et de cendre, son originalité réside dans sa construction, qui file un parallèle entre la vie de Greg, adolescent contemporain passionné de photographie et découvrant la mystérieuse demeure abandonnée de Graveney Hall; et son dernier occupant, Edmund Pearson, considéré comme ayant été tué lors de la Première guerre mondiale … Mais la vérité est-elle aussi simple ? Greg se lance alors dans une enquête avec son amie Faith, émaillée de considérations existentielles sur la religion. Des considérations dont on trouve l’écho dans la vie du jeune Pearson, cent ans auparavant …

« Qui a donc fait ça ? et pourquoi ?  » On devrait s’en étonner davantage. Mais on y est habitués. Alors on ne se demande plus pourquoi ça existe. On préfère s’encombrer l’esprit avec des tas de questions sur ce qui va se passer dans notre série télé favorite. « 

Enquête, amour, Histoire, religion, homosexualité, tout est mêlé dans ce roman un peu atypique à l’écriture est simple, prenante, qui m’a rappelé un roman du XIXe siècle. Un récit émaillé par les photographies de Greg (décrites à chaque en tête de chapitres) et qui rajoute une force dans les descriptions de Graveney Hall, maison fascinante et dangereuse …

Ce qui m’a un peu refroidi lors de ma lecture, ce sont finalement toutes les réflexions autour de la religion.

« Quel est le pire ? Un Dieu qui ne se soucie pas de nous, un Dieu qui voit ce qui se passe et se bouche les yeux ? Ou pas de Dieu du tout ?

Je préfère qu’il n’y ait pas de Dieu du tout. »

Mais au final, je m’y suis habituée, et avec le recul, il est vrai que toutes les questions que se posent les ados sont intéressantes, et vont de pair avec la période troublée qu’est l’adolescence, quand on est à la recherche de réponses et que les doutes, les indéterminations dominent tout le reste. Réponses que Linda Newbery ne fournit pas, ce qui laisse le roman entièrement ouvert …

Enfin le thème de la Première guerre mondiale est extrêmement présent puisque c’est dans cet enfer qu’évolue le jeune Pearson, qu’il rencontre son amant à qui il dédiera de magnifiques poèmes d’amour, mais aussi des textes interpellant le ciel qui les a conduit ici …
« Car il n’y a point de ciel, rien que l’enfer des hommes. »

Le roman allie donc parfaitement aventure, enquête et réflexion entre XXIe et XXe, deux siècles pendant lesquels le rapport à la foi a été mis à mal par les atrocités commises par les hommes. Et deux siècles également où le rapport à la sexualité a évolué mais n’a pas résolu tous les problèmes …

Un texte parfaitement british qui ravira les adeptes de la littérature britannique; mais aussi un texte profond qui interpelle et ne peut laisser indifférent car il est universel.

6 commentaires

  1. Je l’avais conseillé aussi sur mon blog, et comme toi je trouvais que les discutions sur la religion rendait parfois le livre un peu poussif mais du coup ça lui donne un petit côté jeunesse : les héros sont d’ailleurs des jeunes ados, et les thèmes abordés (guerre, homosexualité, religion) peuvent être intéressant à lire pour eux, comme dans « le monde de thé » un peu.
    Une blogueuse m’a découragée de lire le suivant livre de l’auteur mais pourtant il me trotte toujours dans la tête… pour voir si elle fait mieux !

    1. C’est ça, c’est presque un roman jeunesse finalement, et une fois que tu l’as accepté, ça passe beaucoup mieux ! 🙂

      A voir pour le suivant … j’avoue que j’ai été séduite par l’auteur …

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