N’espérez pas vous débarrasser des livres / Umberto Eco et Jean-Claude Carrière

Les auteurs :

Jean-Claude Carrière : écrivain, scénariste, metteur en scène. Il publie son premier roman en 1957, Lézard. Il a écrit de très nombreux scénarios, comme celui du Tambour ou Le Retour de Martin Guerre, en collaboration parfois avec de grands noms du cinéma.

Umberto Eco : essayiste et romancier italien, il est connu pour son roman Le Nom de la Rose; mais aussi reconnu pour ses nombreux essais universitaires sur la sémiotique, l’esthétique médiévale, la communication de masse, la linguistique et la philosophie.

Ce sont tous les deux des bibliophiles, passionnés de livres anciens et détenteurs de bibliothèques impressionnantes !

Le livre :

C’est en réalité une conversation à bâtons rompus qui est retranscrite ici, entre les deux auteurs cités ci-dessus, interrogés par un journaliste sur l’avenir de la lecture, du livre, de la bibliophilie et du monde en général ! Les sujets abordés sont donc très divers, surtout qu’ils ont tendance à s’écarter un chouïa de la littérature … Ils traitent par exemple de la mémoire dans le monde occidental, du marché du livre ancien, de la montée d’Internet, etc.

Ce que j’en pense :

Au final, ce sont les premiers chapitres qui m’ont surtout intéressés, car au cœur du sujet : « le livre ne mourra pas », « Rien de plus éphémère que les supports durables », etc.Cependant, les auteurs sont un peu péremptoires sur le sujet de l’avenir du livre papier : ils sont persuadés que le livre survivra car il y a des objets que l’on ne peut dépasser technologiquement, tout comme la roue … Je suis un peu dubitative sur ce point-ci et surtout peu convaincue par leurs arguments, mais bien sûr c’est personnel. Pour moi, le livre papier durera tant que la course technologique à laquelle se livrent les constructeurs d’ebooks ne se sera pas calmée et n’aura pas permis aux prix de se stabiliser puis de baisser. Pour l’instant, l’ebook ne me semble pas assez abouti, et encore trop cher pour la majorité des gens.

Bref, pour en revenir au livre, ce qui m’a gêné c’est qu’ils sont souvent un peu pédants : ils partent dans des discussions très poussées, juste pour le plaisir il me semble …

Cependant ils ont évoqué quelques idées auxquelles j’adhère :

– L’idée que les livres qui sont arrivés jusqu’à nous ne sont pas forcément les meilleurs mais ceux qui ont su passer les mailles éditoriales : combien de Proust sont restés inconnus et n’ont pas eu la chance de rencontrer la bonne personne au bon moment ? Cela fait relativiser la notion de « chef d’œuvre » et réfléchir sur les œuvres qui nous resteront de ce début de XXIe siècle.

– L’idée qu’il est de plus en plus difficile de faire une sélection dans le contexte éditorial actuel. Ils pointent du doigt les inconvénients d’Internet qui a tendance à mettre tous les savoirs à égalité car égalité d’accès. Or toutes les connaissances, toutes les thèses et hypothèses ne sont pas bonnes à être diffusées, et encore moins conservées pour le futur.

– Cela rejoint l’idée que les éditeurs ne sont pas infaillibles : à l’époque, on avait trouvé Flaubert ennuyeux, et Proust a été refusé par Gallimard (certes vous pouvez penser que Flaubert et Proust sont effectivement ennuyeux, mais personnellement je ne trouve pas  :))

– L’importance de la mémoire et le mépris dans lequel on la tient à l’ère du tout technologique.

– Dans le monde de la littérature, un génie isolé parait inconcevable : tous les grands écrivains ou peintres se sont inscrits dans un groupe, un mouvement artistique qui les a soutenus dans leur entreprise. Cela m’a fait penser immédiatement à L’Oeuvre de Zola, que j’ai lu récemment.

– Les livres ne reflètent pas forcément toutes les époques: comment savoir si les œuvres qu’on a sauvées de la Grèce rendent bien compte de la société grecque de l’époque ? Et si dans 200 ans, il ne restait que des écrits sur le millénarisme, nos descendants penseront-ils que toute notre société était basée sur cette croyance ?

Il est difficile de rendre bien compte de tous les sujets que les auteurs abordent dans ce livre, mais je pense avoir fait le tour des plus importants …

Ah si ! ils m’ont rassurée en affirmant qu’il était normal de ne pas avoir lu tous les livres de sa bibliothèque ! « C’est la garantie d’un savoir, même si nous ne les lirons jamais ».

Quelques citations intéressantes :

« Il y a deux sortes de livres, celui que l’auteur écrit et celui dont le lecteur prend possession. »

« La connaissance, c’est la transformation d’un savoir en une expérience de vie. »

« Il faut estimer la dangerosité d’un écrit pour vouloir le faire disparaitre. »

« Une enquête réalisée à Londres montre qu’un quart des personnes interrogées croyaient que Winston Churchill et Dickens étaient des personnages imaginaires, tandis que Robin Hood et Sherlock Holmes avaient existé. »

5 commentaires

  1. C’est un livre intéressant mais qui m’avait déçue au final car il apportait peu d’éléments nouveaux au débat et j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de digressions : je m’attendais à un essai plus construit.

    1. C’est exactement ça, je pensais aussi avoir affaire à une véritable réflexion sur l’avenir du livre, mais pas du tout, c’est juste une discussion entre deux érudits, coupés du monde … un peu énervant !

  2. J’ai commencé ce livre et m’en suis assez vite désintéressée. Faut dire j’ai un blocage avec Eco que j’ai toujours trouvé horriblement arrogant, j’avais envie de changer mon regard sur lui, c’est raté.

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