Les romans non chroniqués en mars … : Voyages en Islande, en Argentine et en Arménie !

jon

Jon l’Islandais est le dernier héritier des Vikings du Groenland. Dans le monde du XVe siècle qui est le sien, ce pays est désormais oublié de tous.

A l’âge de 7 ans, Jon est enlevé par des Anglais, et vendu comme domestique à Bristol. Courageux et débrouillard, il finira par s’évader pour retourner sur les pas de ses ancêtres, et de son père en particulier … Sur sa route, il croisera Christophe Colomb et Vasco de Gama, à l’aube des grandes découvertes …

Si vous avez besoin de vous évader, si vous aimez l’aventure, la mer, et l’Histoire, alors ce roman est fait pour vous ! Grâce à la plume alerte de Bruno d’Halluin, nous embarquons aux côtés de Jon pour des aventures trépidantes. Nous le suivons pas à pas alors qu’il grandit, tentant de ne pas oublier son passé en se rappelant son pays, sa langue.

Pour ma part, j’ai trouvé fascinant le fait que le Groenland ait été découvert par les Islandais puis oublié, tout comme les routes qui y mènent … Cette fameuse terre couverte de brume, qui était un site de pêche pourtant fréquenté, est devenue petit à petit un mythe, dont Jon, personnage inventé, s’efforce de prouver la réalité !

Par la même occasion, nous découvrons ce pays mystérieux qu’est l’Islande, dont la littérature est une des plus riches d’Europe, et l’une des plus fournie si l’on fait le ratio avec le nombre d’habitants …

Si vous êtes curieux comme moi, découvrez comment les Vikings ont découvert l’Amérique en premiers !

Ou sinon, vous pouvez retrouver des légendes du Groenland dans les textes de Jorn Riel, comme Le garçon qui voulait devenir un être humain (Inuit = être humain !).

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Journal de la guerre au cochon / Alfonso Bioy Casares (1969)

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Dans un style totalement différent, j’ai découvert la littérature argentine à travers un roman d’Adolfo Bioy Casares, auteur reconnu décédé en 1999. Le Journal de la guerre au cochon date de 1969. On y découvre une ville sous haute tension qui, pendant plusieurs jours, va connaître des heures terribles …

Vidal est presque vieux, il fréquente des vieux, mais il est attachant. C’est lui qui va tenir une sorte de journal en décrivant quelques jours de sa vie où le monde a semblé devenir fou. En effet, les jeunes de la ville commencent à persécuter les personnes âgées, par des exécutions violentes et injustes. Vidal va parvenir à survivre grâce à son fils mais ce ne sera pas sans mal …

Toute la force du récit tient dans la tension qui le sous-tend : on ne voit que par les yeux de Vidal qui ne voit pas tout, qui ne comprend pas toujours ce qui se passe, qui n’appréhende pas les tenants et les aboutissants de cette révolte étrange, celle d’une partie de la société contre une autre.

« Les premiers responsables sont les médecins. Ils nous fabriquent des vieillards […]. On s’est borné à peupler la planète de vieux qui ne servent pratiquement à rien. »

Au-delà de cette fiction politique intéressante, c’est toute une réflexion sur la vieillesse, sur ce que le temps fait de nous, et que les jeunes refusent. « Ils ont douloureusement compris, dans leur for intérieur, à la lumière de ce conflit, que tout vieillard préfigure l’avenir d’un jeune homme. Leur propre avenir peut-être ! »

Un roman intéressant mais sans plus, qui m’a semblé manqué de force d’écriture (mais j’ai trouvé que la traduction était parfois bizarre). Cependant, il s’inscrit bien dans la tradition latino-américaine qui dénonce souvent les exactions commises par les dictateurs : ici, c’est pratiquement une littérature prémonitoire !

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La femme des dunes / Chris Bohjalian (2013)

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En 1915, Elizabeth Endicott, une jeune Amérique, débarque en Syrie durant le génocide arménien. Avec son père, elle tente d’apaiser les souffrances d’un peuple entier. C’est comme ça qu’elle rencontre un ingénieur arménien, Armen, qui a perdu sa femme et sa fille. Leurs vies vont se croiser … et aboutir à Laura Petrosian, romancière américaine, qui va entreprendre un voyage à travers son histoire familiale, et surtout celle de ses grands-parents. Un voyage qui va la conduire au cœur du génocide et tout près d’un terrible secret …

Au-delà de l’histoire d’amour attendue, ce roman est un terrible témoignage par un romancier d’origine arménienne qui produit là son roman le plus personnel. C’est le premier texte que je lisais sur cette page de l’Histoire, et j’avoue avoir été horrifiée par la violence et l’horreur de ce massacre en règle, sous les yeux du monde entier, dans une Turquie qui allait vers la modernisation …

« Un peuple en train de disparaître ».

Un très beau roman qui interroge l’Histoire, et analyse aussi très bien l’héritage de ce génocide, au cœur même des États-Unis contemporains, où les Arméniens et les Turcs se côtoient et où la jeune génération semble avoir oublié …

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