Après le magnifique roman que nous a offert Léonor de Récondo avec Rêves oubliés, qui retraçait la douloureuse émigration de républicains espagnols en France, elle change ici totalement de registre en se penchant sur une partie de la vie du grand artiste Michelangelo. Elle nous plonge au cœur du XVIe siècle, et surtout dans le cœur du peintre, qui vient de voir disparaître un modèle de beauté, un jeune moine dont la perfection physique l’inspirait tout en l’effrayant.
Face à cette perte, Michel-Ange ne réfugie dans le travail, et la construction du caveau commandé par le pape. Nous le suivons donc là où naît son œuvre : dans la carrière de Carrare, où il trouve les marbres les plus magnifiques et les plus précieux, seuls dignes de sa grande œuvre.
« Ne regardez pas mon visage, il est laid. Regardez plutôt mes mains ! Elles sont si puissantes qu’elles façonnent la réalité, qu’elles donnent vie à la pierre. Dans le sillon creusé par mon ciseau, les veines du marbre se gorgent de sang. »
Mais là où il ne voudrait qu’il n’y ait plus que l’art, l’humain reste présent : il lui faut gérer les relations avec les ouvriers, avec les habitants du villages qui l’héberge, et en particulier avec un petit garçon – lui qui déteste les enfants – qui vient de perdre de sa mère et qui sent en Michelangelo, un être proche capable de le comprendre.
« Il a assez d’esprit pour savoir que refuser la rencontre avec autrui, c’est s’appauvrir. Il aimerait se contenter de lui-même et de la compagnie des personnages qui jaillissent de son esprit. Etre avec moi seul. »
Pour l’artiste, les mots vont être difficiles à prononcer, et il n’y parviendra parfois qu’en créant, mais ils seront libérateurs et lui permettront d’avancer, sortir de son orgueil, de sa colère, de sa solitude …
Peu importe ici que la fiction dépasse la réalité : au-delà du roman a priori historique, Léonor de Récondo nous offre surtout une réflexion sur le deuil, sur la nature humaine, sur l’art, trois fondamentaux de la vie. Malgré quelques expressions maladroites, on sent que son style s’affirme, se poétise, réussissant à me faire percevoir la magie de l’acte créateur. Et c’est magnifique.
C’est un roman que je vais lire à sa sortie . Il est rare de lire des chroniques avant.
c’est pour le noter dès maintenant sur vos tablettes …
Je l’avais noté dans ma sélection de Rentrée !! Tu me confirmes dans mon choix 😀
en temps utile, il ne faudra pas hésiter !
Ta chronique me donne vraiment envie ainsi que les extraits choisis! Je n’ai pas souvent lu de biographie et ça me permettrai de m’y lancer, merci pour ce conseil avisé 🙂
j’aime bien les biographies romanesques, ça passe bien ! Et ça donne envie d’en savoir plus … 🙂
une éditrice de telle qualité que l’on est rarement déçu avec les livres qu’elle publie
jamais ! 🙂
Ce roman a l’air passionnant !
Au passage, voici un tag pour toi 🙂 http://lejardindenatiora.wordpress.com/2013/08/29/un-petit-tag-pour-la-rentree/
j’vais essayer de prendre le temps d’y répondre ! merci ! 😉
Pas facile de faire de la fiction avec des personnes réelles (j’ai en tête un exemple qui n’avait pas du tout marché…) mais c’est un sujet passionnant! En tout cas, votre critique donne bien envie de jeter un oeil au livre 🙂 Merci pour le conseil!
pas de souci !
En l’occurrence, plus le personnage est ancien, plus le roman historique est facile à mettre en place je pense …