La Soeur / Sandor Marai (1946)

marai

Auteur découvert l’année dernière avec Les Braises, que j’ai pu comparer avec des œuvres de Stefan Zweig par la puissance des descriptions et de l’analyse psychologique, Sandor Marai est un écrivain hongrois de plus en plus reconnu dans le monde. Quatre ans après ce chef d’œuvre, il s’attaque à un autre type de relations humaines. Ce texte sera le dernier publié en Hongrie.

La Sœur, titre qui m’a interrogé tout au long de ma lecture et que je n’ai pas vraiment pu élucider, est l’histoire poignante d’un compositeur célèbre frappé d’une étrange maladie : la douleur apparaît brusquement et ne le quitte plus, le faisant passer des phases de paralysie totale ou de fortes fièvres. On ne saura jamais vraiment quelle est cette maladie, et comme le disent les médecins, qu’importe le nom latin ? Ce qui est important, c’est la réaction psychologique du musicien, qui se laisse complétement dominer par la douleur, et cherche au fond de lui-même ce qu’il a bien pu faire pour mériter ce châtiment. Punition de son orgueil et son arrogance ? Contre-coup d’une passion amoureuse contrariée ?

« Je m’attelais à la maladie, comme à une quelconque tâche, un voyage aventureux ou un travail dont on ne mesurerait pas les véritables difficultés dès le début. La seule chose que je devinais était que cette tâche allait se révéler compliquée et longue à accomplir. »

Tout comme Zweig, Marai se plaît à utiliser des récits-cadres : au lieu d’introduire directement son personnage principal et de raconter l’histoire à la troisième personne, il choisit un acteur extérieur qui découvre par hasard la retraite du célèbre pianiste et se voit confier le manuscrit de sa vie, qu’il ne lira qu’après la disparition de ce dernier. La mise en place du récit est ainsi un peu plus longue, mais elle permet de poser des cadres, d’introduire le personnage principal, à partir des souvenirs du témoin, et d’en savoir plus sur ce qu’il s’est passé après. Une fois ceci posé, il présente le récit en tant que tel, sous forme de confession écrite.

Avec un style impeccable, qui décrit bien l’atroce situation du musicien privé de ce qui fait sa vie : sa musique. Une fois guéri, la perte de cette passion ne pouvait que le conduire à la mort.

Un texte admirable et poignant par sa description de la maladie, par laquelle le personnage va se comprendre et se transformer.

« Peut-être se trouvera-t-il des lecteurs qui liront son histoire comme l’ultime création du musicien, dans laquelle la mélodie est plus importante que les paroles. Et la mélodie n’a jamais de « sens ». Toutefois elle raconte quelque chose qu’on ne peut raconter avec des mots. »

Je remercie Le Livre de Poche pour cet intéressant partenariat.

8 commentaires

  1. De Sandor Marai, j’ai lu « Le premier amour » que j’avais beaucoup aimé. Sa plume est très fine et délicate et tu as raison de faire la comparaison avec Zweig, c’est le même genre d’écriture. Je note ce titre en tout cas et « Les braises » aussi qu’il faudrait que je lise enfin.

  2. Comme toi, j’ai lu « les braises » (je crois d’ailleurs que c’était ton exemplaire…) . En lire en autre est une bonne idée, je retiens le titre. Pour quand j’aurais du temps et moins de livres dans ma PAL!^^

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