Mauprat / George Sand (1837)

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Après plusieurs textes peu intéressants cette semaine, j’ai décidé d’effectuer un retour aux sources ! Après avoir hésité entre Zola et Sand, tous les deux bien présents dans ma bibliothèque, j’ai finalement opté pour la dernière, encouragée en cela par ma chère George. Terminé la semaine dernière, depuis je tremble à l’idée de rédiger cet article car je sais que ma copine sera derrière mon épaule et que j’ai pas intérêt à raconter n’importe quoi sur un roman de George Sand ! 🙂

Mais heureusement pour moi, je ne vais pas avoir besoin de me forcer pour rédiger un article positif car j’ai littéralement dévoré ce roman à mi chemin entre Le Capitaine Fracasse de Gautier et Indiana, premier roman sous le pseudonyme de George Sand. En bref, de l’amour, de la philosophie, de l’aventure, des combats, de l’épée, et une figure de femme magistrale, Edmée. Une de celle qui ne vous lâche plus ensuite. Car sous ses airs fragiles, c’est une femme à la volonté de fer et à l’intelligence redoutable que nous dépeint Sand.

Au XVIIIe siècle, dans une province reculée du Berry, habitent les Mauprat. « C’est une race indomptable, incorrigible, et dont il ne peut sortir que des casse-têtes ou des coupe-jarrets. A ceux que l’éducation a le mieux rabotés, il reste encore bien des nœuds : une fierté souveraine, une volonté de fer, un profond mépris pour la vie. »

Edmée, descendante de la branche honorable des Mauprat, va prendre sous son aile son cousin Bernard, élevé par la bande de coupe-jarrets qu’est la branche aînée des Mauprat, sans morale, sans argent et sans sentiment. De véritables bandits, mais malheureusement des seigneurs aussi ce qui interdit de les déloger de leur château où ils se barricadent depuis des années.

C’est dans cette ambiance qu’a grandi le petit Bernard, dernier rejeton de la famille; c’est à l’école de la muflerie, de la violence qu’il a été élevé. Une fois sorti de cet horrible château, avec l’aide des idées de Rousseau, Edmée aura bien du travail pour le rééduquer … « Vous êtes un sauvage, Bernard. » Mais le fait que ce sauvage tombe éperdument amoureux d’elle va bien l’aider …

Petit à petit, Bernard change, avec le caractère violent et entier qui est le sien : « Je parvins à gouverner mes mouvements jusqu’à un certain point. Je ne me corrigeai jamais de l’orgueil et de la violence. On ne change pas l’essence de son être, mais on dirige vers le bien ses facultés diverses; on arrive presque à utiliser ses défauts; c’est au reste le grand secret et le grand problème de l’éducation. »

Si Edmée est tout de suite attachante, et que l’on sent qu’elle sera le personnage pivot du roman, le récit est pourtant centré sur celui de Bernard. Pour cause, le roman se présente comme un récit de Bernard lui-même, au crépuscule de sa vie. Un angle intéressant car le vieux Bernard condamne tout ce qu’il a été avant de rencontrer sa cousine Edmée, et porte un regard plus que sévère aussi bien sur ses propres actes que sur ses pensées d’alors.

Il me semble que Sand a trouvé une manière habile de démontrer les vertus et la puissance de l’éducation, qui peut combattre tous les mauvais instincts et penchants animaux de l’homme. Mais elle montre surtout que ce travail ne peut être fait que de l’intérieur. C’est son amour pour Edmée qui poussera Bernard à s’amender, à essayer de comprendre ses réactions et à changer. Mais ce ne sera pas si facile, et bien des obstacles, physiques et moraux vont séparer ces deux personnages clés.

« L’homme ne naît pas méchant; il ne naît pas bon non plus, comme l’entend Jean-Jacques Rousseau […]. L’homme naît avec plus ou moins de passions, avec plus ou moins de vigueur pour les satisfaire, avec plus ou moins d’aptitude pour en tirer un bon ou mauvais parti dans la société. Mais l’éducation peut et doit trouver remède à tout; là est le grand problème à résoudre, c’est de trouver l’éducation qui convient à chaque être en particulier. »

Roman romantique, roman gothique, histoire d’amour, histoire de famille, roman d’éducation, manifeste féministe, Mauprat est tout cela à la fois, et bien plus encore, concentrant les thèmes chers à Sand, ainsi que ses combats les plus intenses.

Un roman capital dans l’œuvre de George Sand, et une magnifique lecture pour moi.

 

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8 commentaires

  1. bravo ! je suis fière de toi ! cette Edmée est fascinante, elle fait éduquer son mari avant de l’épouse je trouve grandiose ! Je suis ravie que ce roman t’ait plu, tu es ma petite victoire, tu sais, je suis parvenue à te faire lire (et aimer) deux romans de Sand ;D

    1. je me suis pas beaucoup forcée tu sais … il suffisait de me mettre les bons romans de Sand dans les mains ! 😀

      Et Edmée est vraiment trop forte ! Sand a un don pour ce genre de figure féminine, je m’y retrouve plus que dans d’autres du même siècle …

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