Je ne vais beaucoup développer cet article, car j’ai parlé de Claire Keegan, de son style et de ses œuvres lors de son interview il y a quelque temps.
Moi qui ne suis pas très habituée à lire des nouvelles – trop courtes, chute mal contrôlée, histoire amputée ? – je reste pourtant admirative face à la maîtrise de Claire Keegan au fil de ses textes. Les 8 récits qui composent ce recueil sont magnifiques, et nous emmènent temporairement suivre la vie de quelques personnages.
Un des thèmes communs me semble être pourtant le lien familial – filial, marital ou autre – très présent et souvent problématique (Claire Keegan m’avait répondu sur ce point en me disant que c’est ainsi qu’elle se représente la famille) : » .. mais il est très rare que deux personnes veuillent la même chose à un moment précis de l’existence. Quelquefois c’est l’aspect de plus dur de la condition humaine. »
Mais globalement, elles sont très différentes. Seules les dates d’écriture ont déterminé leur place dans ce recueil, je ne vais donc pas insister sur leurs liens mutuels.
De même, elles se passent – sauf une – en Irlande, pays qui reste sans arrêt présent, par petites touches : quelques mots de gaélique, un paysage, des traditions. En effet, la nature est présente, mais rarement d’une manière bucolique : il faut la dompter, la travailler. La précarité, la fragilité face aux contingences naturelles sont très fortes.
Comme toujours, il est difficile de déterminer leur époque, mais à cette question, l’auteur m’avait répondu que ça n’avait pas d’importance, seule l’histoire, la gestuelle des personnages, comptent. Cependant, ce sont des sociétés très traditionnelles, en particulier pour la place des femmes; et très paysannes. Dans les femmes, seule La Fille du Forestier sort de ce schéma traditionnel, et c’est ma nouvelle préférée. Les traditions, l’esprit de village, les superstitions sont encore très fortes, et sont souvent décisives pour les histoires individuelles.
Au-delà de ces histoires, j’ai retrouvé le style net, presque elliptique de Claire Keegan. Elle ne nous donne jamais les clés de ses œuvres. Ses nouvelles sont extrêmement travaillées, mais le lecteur ne doit pas être passif non plus : c’est lui qui va compléter l’œuvre, et décider de ce qu’il veut en faire. On peut trouver cela frustrant, mais à la limite je préfère ça que certains auteurs qui nous servent une philosophie toute faite, convenue, qui ne nous demande aucun effort de décryptage.
Je vous invite donc à découvrir cet auteur, et en particulier Les Trois Lumières (si vous êtes rébarbatifs aux nouvelles). C’est un court roman, dans la droite ligne des autres, mais d’une puissance et d’une richesse énormes.
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merci pour ce conseil de lecture
j’aime beaucoup le travail de cette éditrice, donc dès que je trouve un de ses livres à la bibliothèque, je m’empresse de le lire
je n’ai encore rien lu de Claire Keegan – urgence donc
Je ne me lasse pas de ce qu’édite Sabine Wespieser ! Tout n’est pas très bon, mais elle a du flair !
Je vois Claire Keegan partout en ce moment, et uniquement en termes élogieux. Autant dire que ma PAL a de fortes chances de la rencontrer un jour 😉
N’hésite pas !
JE suis totalement fan de cette auteure. Ce recueil confirme tout le bien que je pense d’elle. Mon modeste avis : http://litterature-a-blog.blogspot.fr/2012/11/a-travers-les-champs-bleus-de-claire.html
Je découvre ton blog, et je le mets directement dans mon reader car nous aimons les mêmes livres ! 😉 A très vite ! 😀
Ton interview de Claire Keegan et ton avis sur ce livre m’ont donné envie de découvrir cette auteur, j’ai emprunté « A travers les champs bleus » à ma bibliothèque. La lecture arrive prochainement, merci en tout cas pour ce conseil de lecture.
Je guette tes articles alors, ravie de t’avoir fait découvrir cet auteur ! 🙂
Personnellement j’ai été déçue par ce second recueil, comme je le dis dans mon billet de la veille. J’avais bien davantage aimé le tout premier, l’Antarctique.
Effectivement L’Antarctique a été une belle découverte également. Mais Les champs bleus le complète … Dans tous les cas j’aime cette écriture et ce mode de narration.