Dans le monde de Dune, par Frank Herbert (1965)

Depuis le temps qu’on me parlait de cette somme de science fiction / fantasy, j’ai profité de l’été pour m’y attaquer ! Mais il s’est trouvé plus long à lire que prévu, et faisant plus de 700 pages, impossible de le faire voyager avec moi … Voilà pourquoi je viens seulement de le terminer, engloutissant les dernières pages à toute vitesse !

De plus, il y a quelques mois, j’ai eu l’occasion de voir l’adaptation faite par David Lynch en 1984, qui m’avait peu enthousiasmée tant il semblait y avoir de raccourcis, ce qui s’est confirmé à la lecture. Dans mon exemplaire se trouvaient les deux premiers tomes du Cycle de Dune (qui compte 6 tomes en tout, sans compter les œuvres posthumes rédigées par le fils de Frank Herbert) : Dune et Le Messie de Dune.

Nous sommes en l’an 10191 après la création de la Guilde spatiale. L’empereur Shaddam IV exerce son pouvoir féodalsur tout l’univers connu. Une conquête humaine faite grâce à une mystérieuse substance dénommée « Épice » que l’on ne peut trouver que sur la planète Arrakis, dénommée Dune par les autochtones Fremen. Dune est une planète de désert, sur laquelle l’eau est le bien le plus précieux.

Au début de l’histoire, l’Empereur remplace le gouverneur Harkonnen par l’ennemi de cette dynastie : le duc Leto, chef de la dynastie des Atréides. Ce dernier s’installe donc sur Dune, tout en sachant qu’il s’agit d’un complot pour le faire tomber. Il y est accompagné par sa femme aux dons étranges, Jessica, et leur jeune fils Paul qui a reçu une éducation complète de guerrier. Ils doivent bientôt affronter de multiples dangers sur ce monde qu’ils ne connaissent pas :

« Nous sommes venus de Caladan, monde paradisiaque pour notre forme de vie […] Le prix que nous avons payé est celui que les hommes ont toujours payé pour jouir du paradis durant le temps de leur vie : nous sommes devenus fragiles, notre fil s’est émoussé. »

Les événements se succèdent et face à l’adversité se révèle la figure de Paul Atréides, qui semble correspondre à bien des légendes fremens sur un mystérieux messie attendu depuis des siècles et doté de pouvoirs extraordinaires, décuplés par le pouvoir de l’Épice. Dune raconte la conquête du pouvoir par Paul sur Dune. Le Messie raconte sa conquête de l’Univers. « Je suis leur figure de proue. Lorsque l’on a fait de vous une divinité, il n’est plus possible au soi-disant dieu de refuser la divinité. »

Inutile d’aller plus loin dans l’histoire. Je vous avoue qu’après 700 pages, même si j’ai l’impression de connaître parfaitement la planète et d’apprécier le rude peuple Fremen, je ne suis pas totalement emballée par ce roman. Je suis pourtant friande de science-fiction et de fantasy. Au niveau des aventures j’ai été servie. Je ne peux nier également qu’il y a toute une réflexion sur le pouvoir de la pensée, le maîtrise du corps qui était intéressante.

Mais deux choses :

– J’ai trouvé le texte mal écrit / traduit. Des dialogues qui sonnent faux, des phrases qui sont mal tournées; bref un style entier qui m’a empêché d’entrer véritablement dans l’œuvre. La science-fiction reste pourtant de la littérature et le style participe à l’efficacité d’un récit.

– En raison de ce blocage stylistique que j’ai fait dès le début, j’ai eu du mal à apprécier certains passages. L’analyse psychologique est plus que superficielle et les événements se succédant sont peu crédibles, les luttes de pouvoir très manichéennes – même pour un monde de science-fiction – surtout dans Le Messie. Et le personnage de Paul, plus que central, m’a agacé d’un bout à l’autre. Tour à tour guerrier, prophète, messie, héros, sa perfection m’a agacé. De plus, ça aide de lire l’avenir. Je vois pas de quoi s’en glorifier. Humm bref …

Le cycle de Dune s’est imposé comme un grand classique de la science-fiction par la fresque impressionnante que l’auteur déploie, et le monde qu’il crée. Mais je n’ai pas réussi à être subjuguée, contrairement à ce que j’avais ressenti à la lecture de Fondation d’Asimov, un vrai maître de la science-fiction.

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1/12

17 commentaires

  1. Zut alors, je comptais sur toi pour me donner envie de m’y mettre ;p J’ai vraiment du mal avec la SF, mais « Dune » est un incontournable alors je comptais le lire un jour. Ce que je ferai certainement, mais après ton billet je me dis que… pas tout de suite.

    1. Au moins tu le retires de ta PAL prioritaire !
      Mais n’hésite pas à le découvrir, on pourra comparer nos impressions ! Mais je me demande si ce n’est pas le film de Lynch finalement qui l’a fait connaître …

  2. Comme je te l’avais dit j’avais tenté l’aventure il y a bien longtemps mais je suis hermétique à des mondes trop différents (impossible aussi pour moi de lire « le seigneur des anneaux »), je ne parviens pas à retenir les noms, les lieux, la géographie, bref je me perds totalement sans doute parce que cela ne me passionne pas non plus. Quoiqu’il en soit bravo pour la performance !

    1. Oui c’est marrant je trouve … en plus c’est pas une question de génération je pense, car mon père adore tout ce qui est SF et Fantasy …
      Une question de caractère peut-être ? et pourtant tu as aimé Jasper Fforde ?

  3. Absolument d’accord avec vous sur Dune Pourquoi lui mettre 4 sur 5? La Fondation, les Robots ou le Monde du non A sont tellement au-dessus. A noter en effet que la générations nés en 50/60 a reçu au biberon Asimov ou Van Vogt. La SF est quasi morte ensuite pour renaître avec la Fantasy.

  4. Bonjour

    Dune n’est pas seulement un space opera, c’est un mode d’emploi pour l’évolution humaine comme l’est « Le monde des à» de Van Voght. D’ailleurs c’est bien l’intérêt suscité par la « sémantique générale » qui est le thème commun des deux romans. Mais la ou Van Voght exprime la totalité de l’histoire Franck Herbert est un auteur qui laisse le soin à ses lecteurs de suivre les indices qui doivent les mener à diverses vérités (selon les points de vue des personnages).

    Dune est un roman qui est bien loin de livrer toutes ses clefs à la première lecture. Le lecteur qui recherche les significations des détails se rendra vite compte qu’une bonne partie de l’intrigue et du contenu philosophie se trouve écrit « entre les lignes ».

    Au final je pense que, « Fondation » ou « Le monde des à» sont des œuvres légèrement inférieures à Dune car Frank Herbert est meilleur pour réellement faire prendre conscience au lecteur des défis humains et écologiques qu’il devra affronter dans le futur. J’apprécie ces trois œuvres que j’ai du relire plus d’une dizaine de fois chaque.

    Mais au final Dune est celle ou chaque lecture me dévoile une nouvelle facette du roman que je n’avais pas encore vu. Bref on en reparle ensemble à la deuxième ou troisième relecture^^.

  5. Considérer que le Messie de Dune est manichéen ou que la figure de Paul est uniformément encensée, d’un bout à l’autre de ce volume qui rassemble les deux premiers tomes d’un cycle qui en compte 6, ça me laisse songeur …. Considérer que le style d’Herbert est mauvais ou que la traduction de Michel Demuth ne tient pas la route, ça me laisse juste incrédule. Comment peut-on passer à côté d’une telle oeuvre ? Le style ? Unanimement loué pour sa richesse, sa rythmique, sa fluidité, son inventivité. A.C.Clarke a écrit que c’était le Lord of the Rings de la SF. Brian Aldiss l’a décrit, dans son histoire de la SF, comme le Guerre et Paix de notre siècle. Klein, Goimard, Versins l’ont encensé. La psychologie ? C’est un manuel de psychanaluse adlérienne et jungienne. Bref, il n’y a pas un seul point de cette critique que je puisse partager. Je suppose que tous les goûts sont dans la nature, les bons comme les mauvais …

    1. Le fait que le style soit unanimement loué me laisse totalement froide, on loue beaucoup de romans contemporains qui sont écrits avec les pieds …
      Le fait que Clarke ait pu dire que c’était le Lord of the Ring de la SF aussi. On dit beaucoup de choses de ce genre, et c’est rarement pertinent.
      J’ai ouvert ce livre avec sympathie et pleine d’attente, j’ai été déçue. Voilà tout. J’adore Asimov et d’autres gros auteurs de la SF.
      Et je refuse d’encenser un livre uniquement sur le prétexte que c’est un roman culte et que des milliers de gens l’ont adoré.

      Et je vous remercie de m’accuser de mauvais goût, c’est tellement diplomate et constructif.

  6. Je suis comme George, trop différents, plein de noms bizarres je peux pas! Des amis m’ont « obligés » à voir le film, je me suis endormie! Et pour le seigneur des anneaux, j’ai deux souvenirs de ces 3 heures passées au ciné: des poils aux pieds et des cascades incroyables me donnant envie d’aller aux toilettes! je sais c’est pitoyable!! Suis pas SF pure et dure 🙂

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