La fille qui n’aimait pas les fins de Yaël Hassan et Matt7ieu Radenac (2013)

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Maya Alvarès aime lire. Beaucoup. Elle a d’ailleurs déjà plus de cent livres dans sa bibliothèque, et voudrait en acheter bien plus encore … Mais sa mère s’inquiète de ne plus avoir assez de place dans sa chambre et décide de l’inscrire à la bibliothèque municipale pour assouvir sa soif de lecture (une louable idée, de mon humble avis !). Au grand dam de Maya qui ne peut accepter ce que cette idée représente … « Emprunter un livre et avoir à le rendre ensuite, à s’en séparer, à s’en éloigner … Impossible ! »

Et pourtant, après une rencontre mystérieuse, elle va prendre goût à la bibliothèque, à la liberté de choix qu’elle représente. Et surtout, elle va dépasser un problème qu’elle n’ose révéler à personne : depuis quelques temps, elle n’arrive plus à lire les fins des histoires …

« Le fait de refermer le livre, l’histoire achevée, est un déchirement. Ils ne sont plus avec moi. Je suis de nouveau seule. »

La rencontre qu’elle fait va lui permettre de mieux se connaître et de découvrir un pan inédit de son histoire familiale …

Ah qu’il est bon de lire un petit roman sur la lecture, sur le plaisir de lire, quand on est soi-même lecteur passionné : on a soudain l’impression que l’on est capable de mettre des mots sur ce que l’on ressent lorsque l’on s’immerge dans une histoire. L’impression de se couper du monde, de reprendre des forces dans le domaine de la fiction et de repartir dans la vie avec plus d’allant.

Pour Maya, la lecture est un réconfort, elle lui rappelle aussi son père et cette passion qu’ils partageaient tous les deux. Pour moi, elle est un mode de vie, une soupape de liberté : je suis toujours moi-même face aux sentiments que les livres m’inspirent, je ne me mens pas, je ne m’en cache pas, comme c’est parfois le cas dans une relation avec une autre personne.

Et comme tous les lecteurs passionnés, je ne me lasse pas d’analyser ce que la littérature m’apporte, voilà pourquoi mon article sur La fille qui n’aimait pas les fins a dérivé sur une réflexion personnelle …

Mais reprenons. Avec Maya, j’ai découvert la signification d’un mot étrange, « Signopaginophile », ou l’amour de collectionner des marque page, de toutes tailles, de toutes formes, de toutes origines. C’est bien moi, pas de doute.

Cependant, ce roman, s’il est sympathique, aborde d’autres thèmes que la lecture : d’abord le deuil d’un père, d’un fils; et puis aussi l’écriture. Car quand on aime lire, on ne peut éviter cette question essentielle : et si on écrivait ?

« Un livre, c’est le récit d’une ou de plusieurs vies, celles des héros, il y est question de rencontres, de bouleversements grands ou petits. Et si j’étais l’héroïne de mon livre et que, pour une fois, je n’empruntais pas les aventures d’autrui mais racontais plutôt les miennes ? »

Par l’écriture, Maya entame son travail de deuil en racontant ce qu’elle vit, ce qu’elle ressent. Et les deux auteurs nous livrent une belle histoire d’amour et de famille …

En bref, un roman intelligent et intéressant, à conseiller sans hésiter à tous, petits et grands. Et ceci est la fin … 🙂