Demandant conseil à une collègue pour la Coupe des 4 maisons, la voilà qui me sort cette série de deux BD, dont je n’avais jamais entendu parler ! Et je n’ai pas été déçue ! Tout est déjà dit dans les couvertures des deux tomes : on y voit Nicolas Wild dans les bras d’une femme en burka, puis en mauvaise posture … Les sous-titres nous disent beaucoup également : « comment je ne me suis pas fait kidnapper en Afghanistan », « comment je ne suis pas devenu opiomane en Afghanistan » ! Le décor est posé pour ces deux tomes déjantés et poignants : le récit rocambolesque de plusieurs années passées en Afghanistan .. pour dessiner la Constitution en bande-dessinée !
En effet, j’ai d’abord découvert qu’il y avait des boites de communication de plusieurs nationalités qui travaillent pour le gouvernement, réalisant des campagnes pour la lutte contre l’opium, pour l’engagement dans l’armée, etc. C’est pour cela que notre dessinateur héros, Nicolas, va se retrouver à Kaboul, et s’y attacher petit à petit … Il y découvre le monde des expatriés, avec leur petit restaurant français, les endroits branchouilles de Kaboul. Il y découvre aussi les beautés d’un pays ravagé, et les tentatives de reconstruction par le gouvernement.Observateur privilégié de ces efforts, il porte un regard distancié et ironique, mais néanmoins plein de bienveillance, d’humanisme et surtout d’autodérision !
Par la même occasion, par quelques pages savamment dosées, il en profite pour nous rafraîchir la mémoire sur l’histoire de l’Afghanistan, du début du siècle à 2005, quand il y débarque. Si le premier tome a plutôt une ambiance bon enfant, le second est plus sombre car l’entreprise est rattrapée par l’actualité : des manifestants attaquent les implantations étrangères, et tous s’en sortent de peu …
Petit bonus que j’ai découvert avec plaisir à la fin du tome 1 : des photos de lui et ses collègues, en pique nique ou au travail, ainsi que des illustrations des campagnes de communication auxquelles il a participé (autocollants et affiches contre la culture de l’opium).
En bref, par deux cent pages en noir et blanc, relativement dépouillées, Nicolas Wild nous fait plonger au cœur d’un pays en crise mais aussi au cœur d’une organisation pour une fois non humanitaire ! Une bande-dessinée passionnante.