Attention, coup de coeur !
Nous sommes en 1960 à Beyrouth, Abdallah Kamanja est heureux : il a de nouvelles chaussures italiennes, dans lesquelles il va voyager en Europe pour présenter l’invention d’une vie, le piano oriental. Seul exemplaire au monde, ce piano permet de réaliser le quart de ton oriental, impossible sur les instruments traditionnels. Avec ce piano, Abdallah jette un pont entre l’Orient et l’Occident.
Nous sommes en 2004 à Beyrouth, Zeina s’apprête à quitter sa famille pour faire ses études à Paris. Qu’il est compliqué de faire tenir 20 ans dans une valise de 23 kilos ! Et pourtant sa vie commence, entre le Liban et la France, deux pays où elle devra trouver sa place.
Le lien entre les deux personnages n’apparaît qu’à la fin, comme une cerise sur un gâteau déjà délicieux. On y suit en effet leurs aventures, à la frontière de deux cultures et de trois langues : l’arabe, le français et la musique.
Coup de cœur donc pour cette BD en noir et blanc, qui peut certes faire penser au style de Marjane Satrapi mais qui pour moi s’en démarque par une manière particulière de raconter cette histoire familiale : on n’y parle pas de la guerre, on y parle d’une famille, avec ses pertes, ses espoirs, ses folles inventions. On n’y parle pas de la guerre mais d’une ville de culture, de raffinement et de musique : Beyrouth.
Et Zeina Abirached en parle avec énormément d’humour, que l’on retrouve au cœur même de ses dessins, et c’est ce qui m’a le plus touché. Elle raconte avec émotion celui qui fut son grand-père, homme passionné de musique et terriblement drôle.
Comme ce « scrouitch » des chaussures neuves, les bruits sont partout dans cette BD : répétitifs, drôles, inattendus, ce sont eux qui donnent toute sa richesse à cette oeuvre. Et ça fonctionne puisqu’on en entend presque la sonorité du piano oriental, des fausses notes du début au triomphe final.
Et puis l’auteur s’amuse à disséquer les langues, en expliquant ce qui a été le plus difficile pour elle à maîtriser lorsqu’elle a appris le français. Par exemple, cette page m’a bien fait rire :
Enfin voilà. Il est difficile de rendre compte de toute la richesse de cette BD, ce que j’ai essayé de faire pourtant, avec ces quelques extraits. Je ne peux maintenant que vous inviter à la découvrir pour apprendre par vous-même ce qu’il est advenu de ce fameux piano …
Merci infiniment pour cette information j’adore cette artiste dessinatrice et je la suis. Elle n’a même pas été invité au festival d’Angoulême ! Merci encore pour votre blog précieux et pour cette information qui sera relayée .
Je découvre ton blog grâce au lien d’un article de Mior! Et je tombe sur cette bande dessinée! Je viens de la lire et comme toi, ça a été un coup de coeur! Déjà pour l’objet en tant que tel et puis pour cette histoire ou plutôt ces histoires croisées.