Le narrateur, de passage dans la petite ville de Starkfield, Massachussets, y rencontre un homme étrange, peu bavard. On lui présente comme étant Ethan Frome, gentil mais un peu ours, surtout depuis son accident : C’est “the most striking figure in Starkfield”. Intrigué, l’homme garde cette histoire dans la tête, mais ne parvient pas à en savoir plus. Quelques temps plus tard, alors qu’il doit se rendre dans la ville d’à côté pour affaires, Ethan Frome lui propose de l’emmener. Au retour, ils se retrouvent pris dans une tempête de neige et étrangement, une intimité se crée et Frome lui raconte son histoire …
Une très belle histoire d’amour, racontée en une centaine de pages par la grande Edith Wharton. Comme toujours, on y retrouve la profondeur de sentiments, l’analyse psychologique qui lui est propre et lui permet, dans ses longues nouvelles, de nous faire sentir et partager les tragédies humaines. Celle d’Ethan Frome est une des plus poignantes que j’ai lu car elle nous laisse espérer jusqu’au bout que le héros va se battre contre la vie qui lui a été imposée. Et ce qui est terrible avec Wharton c’est qu’elle est capable de nous désespérer après en expliquant les raisons qui ont poussé Frome à faire ses choix. Et ce qui est terrible, c’est qu’on les comprend et que l’on se retrouve pris dans le même dilemme que le personnage. Que ferions-nous à sa place ? Pas aujourd’hui, mais à l’époque de Frome, dans cette société rurale du début du XXe siècle où tout était codifié ? Cette question n’a pas fini de me tarauder car elle touche à un problème universel de la liberté de choix des hommes, ce qui fait de ce roman un texte extrêmement moderne. « The inexorable facts closed in on him like prison-warders hand-cuffing a convict. There was no way out – none. He was a prisonner for life. »
Ce qui est remarquable également c’est que c’est une des seules fois où Wharton abandonne l’étude et la critique de ses chers milieux bourgeois : Ethan Frome est un des seuls romans ruraux de la romancière. Et malgré cette nouveauté, son succès est aussi éclatant qu’avec des textes comme Le Temps de l’Innocence ou les nouvelles de Une affaire de charme. Car le problème reste le même : choisir entre son cœur ou son devoir.
L’histoire est basée sur un fait divers dont a entendu parler Wharton alors qu’elle se trouve chez elle dans le Massachussets, un accident terrible de cinq personnes en luge. C’est là qu’on s’aperçoit que Wharton est un génie de l’écriture et de la narration quand elle se sert de ce simple fait pour imaginer une splendide histoire d’amour contrarié …
Bref un coup de cœur comme je n’en avais pas eu depuis longtemps, encore amplifié par ma découverte de Wharton dans sa langue originale, peu difficile à comprendre malgré sa grande richesse.
En Vo en plus !!! Tu es formidable ! je n’ai lu qu’en diagonale ton billet car je compte lire ce roman… un jour, mais ce que j’en ai lu me confirme que je vais aimer !
Ahh j’aime quand tu me dis que je suis Formidable ! 😀 c’est un texte court, il peut rentrer dans notre défi actuel … 😀
je connais et adore ce texte depuis longtemps (en français…) raconté sur un cd par Lambert Wilson, une magnifique histoire d’amour qui m’a toujours hanté, je sais pas pourquoi…peut être pour son modernisme comme tu dis, c’est le même dilemme dans le film « sur la route de Madison » qui me fait pleurer comme une midinette à chaque fois que je le revois….
Oui j’avoue que j’ai presque pleuré mais la barrière de la langue m’a fait ressentir moins fort les émotions … c’est une très très belle histoire…
Tu n’aurais pas oublié un logo, toi ? ^^ Bon, devant tant d’enthousiasme, je ne peux que noter, d’autant que ce n’est pas la première fois que je lis autant d’éloges sur Edith Wharton.
ah oui tiens c’est vrai ! 😀 merci pour le rappel ! N’hésite pas à lire du Wharton, c’est un auteur que j’affectionne beaucoup, et toujours de belles histoires….
une bonne idée de lecture pour l’an prochain dans « l’année écrivains précurseurs des USA » que j’ai programmé en espérant le trouver en anglais
Je l’ai acheté à Shakespeare and Co, je l’avoue ! dans une belle édition .. je te conseille ce magasin pour préparer ton challenge ! 😀
je connais la boutique en effet
J’ai cite Lambert Wilson car je pense que sa voix envoûtante est pour quelque chose dans mon penchant pour cette histoire, mais ce n’est pas une pub « déguisée » car en fait c’était une cassette audio, carrement introuvable !
Ce doit être un très beau texte lu, j’en suis sûre !
Oh ça semble super ! A noter, pauvre wish-list :).
C’est du Wharton ! RIP your wish-list ! 😀
Pour tous les amoureux d’Edith Wharton que voilà… n’hésitez pas à découvrir la nouvelle traduction de Julie Wolkenstein qui vient de sortir chez P.O.L, elle sublime encore le roman!
L’un des dénouements les plus sombres de notre mémoire de lecteur, pas vous?
Une nouvelle traduction, j’y cours !