1970. Maroc. La vie du petit Mehdi bascule lorsque son instituteur se bat pour lui obtenir une bourse d’études, convaincu de ses aptitudes. C’est ainsi que le garçon de dix ans entre au prestigieux lycée français de Casablanca, réservé aux enfants de hauts fonctionnaires ou aux familles marocaines influentes.
Largué par un lointain cousin devant le lycée, avec deux pintades pour remercier le directeur, Mehdi ne sait pas encore qu’il va vivre, pendant un an, un choc culturel constant.
« Il était maintenant chez les Français, entouré de leurs immeubles, de leurs bacs à sable, de leurs arbres. »
Entre les expressions françaises qu’il ne comprend pas, les situations que personne ne lui explique, la honte de ne pas avoir assez d’habits et autres petites tracasseries de tous les jours, il va avoir fort à faire pour intégrer cette nouvelle culture sans oublier la sienne propre. …
« Ça voulait dire quoi, « ça tient bien au corps » comment faisait-elle, la purée, pour « tenir » quoi que ce soit ? Elle s’agrippait aux parois dans l’estomac ? »
Le tout donne un mélange détonant entre culture française remplie de préjugés, un enseignement standardisé; face à une culture marocaine, folklorique et un brin caricaturale. Avec au centre, un enfant qui parait bien petit pour supporter ça …
« Il pointa un index accusateur sur l’enfant, qui se faisait tout petit
– Tu es l’avenir de l’humanité !
L’avenir de l’humanité, d’émotion, fit pipi dans ses braies. »
Largement inspiré par l’expérience de l’auteur qui a lui-même fréquenté ce lycée, dans les mêmes années, c’est un roman hilarant à lire et à relire, qui nous fait réfléchir sur ce qui constitue notre identité, notre culture, ainsi que des notions comme l’ascension sociale. Tout comme dans Méfiez-vous des parachutistes, tout aussi délirant, il montre que tous ces enfants, élevés dans les deux cultures opposées, se retrouvent amputés d’une partie de leur identité. En effet, dans sa famille Mehdi ne peut parler que le français puisqu’il n’a fréquenté que les écoles françaises, langue que les autres membres ne parlent ni ne comprennent; à l’école, la subtilité de la langue française – et ses étrangetés échappant souvent à toute logique grammaticale – lui échappe. Pourtant, et fort heureusement il y a les livres, que Mehdi dévore et qui le sauve de la morosité et du flou qui constitue sa vie.
« C’était peut-être cela le pire, dans la mort : ne plus pouvoir lire. »
Je suis bien d’accord !
Entre Le Petit Chose et Le Petit Nicolas, « Une année chez les Français » est à découvrir sans tarder …
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Un chiffre !
J’aime bien le thème. Il a l’air sympa ce roman, merci pour la découverte !
J’ai aimé ce livre lu chez des amis, je l’ai trouvé vif et amusant tout en étant plein d’humanité, il m’a rappelé le « gône du Shaaba »
c’est dans la même veine ! ou encore La vie devant soi de Romain Gary …
Le roman Partir de Tahar Ben Jelloun offre un bon contrepoint …
Je suis bien d’accord aussi!
Ça fait un moment qu’il est dans ma PAL, c’est un libraire qui en avait parlé dans « La Grande Librairie » et qui m’avait donné envie de le lire. J’aimerais bien l’en sortir bientôt, tiens, vu ce que tu en dis aussi ça va me plaire.
J’ai surtout retenu le côté caricatural de cette lecture. Pas un souvenir renversant pour moi…
c’est pas de la grande littérature, mais j’ai trouvé intéressant le regard d’un marocain sur son propre pays (pas si caricatural que ça d’ailleurs) … surtout au niveau éducation (faut dire que j’ai été fortement sensibilisée à ces questions) et puis l’humour est quand même bon !
et l’écho avec Partir de Tahar Ben Jelloun est intéressant …
Bref un bon moment tout de même !
je pense que ce livre rentrerait dans mon challenge littérature francophone d’ailleurs
il y a des chances tiens ! 😀 tu peux mettre le lien d’ailleurs !
Lu l’année dernière en février, je n’avais pas accroché…
ça a suscité pas mal d’échos en moi, je l’ai trouvé très intéressant. Pourquoi n’avais-tu pas accroché ?