Le dîner de Babette et autres contes (1958) / Karen Blixen

L’auteur

La baronne Karen von Blixen (1885-1962), d’origine danoise, a très vite rejeté le mode de vie bourgeois qui lui permettait sa richesse pour se consacrer à l’écriture et à la peinture.

Elle se marie baron Bror von Blixen-Finecke en 1912, avec qui elle achète d’une plantation de café en Afrique. Mais c’est échec et elle doit rentrer au Danemark, ruinée et physiquement très affaiblie. C’est la période qui est racontée dans La Ferme africaine en 1937, adapté au cinéma sous le nom d’Out of Africa.

Après cette période africaine, elle se consacre à l’écriture, animant un petit cercle littéraire dans son domaine et s’affirmant peu à peu comme une figure de premier plan de la vie artistique danoise. Sa deuxième œuvre la plus connue est Anecdotes du destin, en 1958 (nom premier de l’ouvrage que je présente ici) dont l’une des nouvelles est adaptée au cinéma en 1987 par Gabriel Axel : Le Festin de Babette. Affaiblie et malade, elle entreprend un voyage de quelques mois aux États-Unis en 1959, où l’accueil de son public est triomphal. Elle réalise un vieux rêve : dîner avec Marilyn Monroe et son mari Arthur Miller.

Le livre

Ce livre est en réalité un recueil de nouvelles d’inégales longueurs : Le plongeur, Le dîner de Babette, Tempêtes, L’éternelle histoire et l’Anneau. 

Le plongeur : L’histoire perturbante d’un Iranien, Saufe, qui rêve de voler pour devenir un ange et rendre ainsi aux hommes la pureté qu’ont su garder les oiseaux .

Le dîner de Babette : Babette, chef cuisinière renommée dans un grand restaurant parisien, le Café anglais, fuit la répression de la Commune de Paris en 1871. Elle trouve refuge au service de deux vieilles filles, dans un petit village luthérien du Danemark. Chaque année, elle achète un billet de loterie. Après quinze ans, elle remporte le gros lot de 10 000 francs et, plutôt que d’améliorer son sort, elle consacre tout son argent pour reconstituer, en une seule soirée et pour douze couverts, le faste de la grande cuisine parisienne.

Tempêtes : L’histoire d’une jeune comédienne, Malli, qui va interpréter le rôle d’Ariel dans La Tempête de Shakespeare. Ou l’histoire d’une solitude qui va la détruire peu à peu.

L’éternelle histoire : C’est l’histoire d’un vieillard qui aborde un marin et lui propose de gagner 5 pièces d’or s’il accepte de passer la nuit avec une femme, lui permettant de s’assurer une descendance. C’est l’histoire de cette légende qui se propage dans tous les ports du monde. Jusqu’à ce qu’elle devienne vraie, par la folie d’un vieillard qui ne comprend pas que certaines histoires doivent simplement rester des histoires …

L’Anneau : La rencontre étrange d’une jeune mariée au détour d’un fourré.

Ce que j’en ai pensé

J’ai tout d’abord été surprise puisqu’en principe, je n’aime pas trop les nouvelles (à part celles de Stefan Zweig), pour moi un exercice littéraire très difficile où bon nombre d’auteurs échouent …

La première nouvelle m’a laissé froide : la folie de Saufe m’a lassé et irrité, comme tous les récits qui ont une résonance religieuse.

Le dîner de Babette m’a un peu plus accroché : l’histoire de cette Française qui fera passer l’art avant toutes choses, faisant honneur à la France, m’a beaucoup touché. Même si l’on peut regretter que l’auteur s’appesantisse autant sur le passé des deux soeurs, et moins sur Babette elle-même. En tout cas, pour moi, c’est le personnage qui m’a le plus intéressé …

Finalement, je pense même avoir préféré Tempêtes et L’Eternelle histoire, qui font davantage réfléchir sur la nature humaine et la complexité des sentiments, et dont les petites touches fantastiques m’ont séduites. Les personnages de Malli et de Virginie sont très approfondis et l’on se sent proches de ces femmes guidées par l’amour et la vengeance. Au départ victimes, elles apparaissent en réalité finalement comme des êtres forts, qui résistent à toutes les tempêtes et font des choix qui ne seront pas compris, mais qu’elles ont fait avec leur cœur. Karen Blixen offre ainsi une vision moderne de la femme, alors que l’homme est cantonné à un rôle externe et distant, seulement déclencheur des choix féminins, et qu’il n’a pas son mot à dire.

Enfin, je n’ai toujours pas compris l’intérêt de la dernière nouvelle, L’Anneau, qui m’a plutôt démontré encore une fois que l’art de la nouvelle est délicat et qu’il nécessite une alchimie particulière, au risque de laisser le lecteur sur sa faim.

Vous comprenez donc que j’ai finalement été déçue par ce recueil, qui ne m’a pas semblé très abouti (à part pour certains passages des deux nouvelles que j’ai apprécié). Il ne m’a finalement pas réconcilié avec Karen Blixen dont La Ferme africaine m’avait également déçu …

Incursions dans le texte

Le dîner de Babette :

Quelle épreuve insupportable pour un artiste, disait-il, que d’être encouragée et applaudi pour ne créer et n’exécuter que des oeuvres de second ordre. Dans le monde entier,un seul cri monte du coeur de l’artiste: »Permettez moi de me surpasser! »

« Cette femme est en train de transformer un dîner (…) en une sorte d’affaire d’amour, une affaire d’amour de la catégorie noble et romanesque, qui ne fait pas de distinction entre l’appétit physique et l’appétit spirituel. »

DANEMARK

1/80

4 commentaires

  1. Je n’ai rien à dire sur Karen Blixen, que je n’ai pas lue. Par contre, si tu es en manque de challenge 🙂 , je te recommande le nouveau challenge scandinave que je lancerai en janvier. Il s’agira de faire au moins une lecture de chacun des 5 pays nordiques ce qui, reconnais-le, avancerait bien ton tour du monde !

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